when the fields turn white
27×35, oil on canvas
C'est un poème de Victor Hugo que tout écolier français de ma génération a appris sur les bancs de l'école. "Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai." C'est un poème très simple, très pudique. Ce qui est assez inhabituel pour Hugo, qui était plutôt homme à aimer les grands emportements et les poses dramatiques, dans sa vie comme dans ses écrits. Mais ce poème est un peu à part. Il l'a écrit quelques années après la mort de sa fille, noyée dans un accident. C'est arrivé il y a près de deux siècles, pas très loin de l'endroit où j'écris actuellement ces lignes. Mais je n'ai pas fait le tableau ici, et en fait à l'époque, je ne savais même pas que je me retrouverai aujourd'hui à écrire cette note, tout en regardant par la fenêtre précisément le bras de Seine où ce drame a eu lieu. C'est vraiment une histoire à fendre le coeur. La fille de Hugo venait de se marier, après avoir attendu plusieurs années. Son mari était avec elle sur le bateau. C'était un très bon nageur, mais il n'a pas pu la sauver à cause de cette espèce de paralysie bien connue qui frappe les gens en train de se noyer. Quand il a compris qu'il n'y parviendrait pas, il s'est laissé couler avec elle, de désespoir. Dans le poème, Hugo dit simplement à sa fille morte, que demain matin, il va partir à l'aube et faire un long chemin pour venir la voir à sa tombe. Il est trop triste pour penser à autre chose, il va venir la voir, et il va lui apporter des fleurs.
