Je suis Samuel Rondiere, ou Sam Elka.
Je peins depuis quelque chose comme vingt ans maintenant.
l’artiste en toute simplicité, dans sa vie quotidienne
Si la question implicite est : «la peinture peut réellement encore avoir à dire quelque chose aujourd’hui ?»
Alors la réponse implicite «certainement que oui, parce que seuls les peintres morts vivent hier».
Ma recherche en peinture porte sur son langage, sa grammaire, sa poésie.
Chaque langage est une forêt de sens, et la poésie un moyen d’y ouvrir des chemins et d’en tracer des cartes.
Quand on pousse un langage dans de multiples directions, même si c’est simplement pour voir ce qui se passe, on trouve toujours des choses dont on avait pas imaginé qu’elles puissent être dites, ou des choses dont on ne savait simplement pas qu’elles étaient là, en attente, dans l’invisible et le silence.
Je ne suis pas en quête de règles : les nouvelles, les anciennes, celles qu’on brise.
Les règles viennent de la pratique : on trébuche dessus à chaque fois qu’on essaie de faire quoi que soit.
Ce qu’on choisit de faire avec elles, c’est un choix qu’on ne fait que dans la pratique.
En peinture comme en beaucoup de choses, faire et essayer est la base de tout.
Suivez toujours les instructions.
Ne vous attendez pas à faire quoi que ce soit de bien si vous ne suivez pas les instructions.
Peindre est une affaire concrète : on fabrique un objet, en général unique. Et tout se passe dans la présence de cet objet.
C’esr très difficile de faire une image d’une peinture, parce qu’une peinture n’est pas réellement une image. Même quand elle représente quelque chose de figuratif, elle n’est pas une image.
C’est un objet.
La présence d’un tableau modifie physiquement la pièce dans laquelle il est, et en conséquence modifie un peu le monde, enrichit son esprit – légèrement ou profondément.
Donc c’est comme ça que je travaille : je fabrique des objets – des tableaux.
Je peins ce qu’il y a, ce qu’il n’y a pas, ce que je vois, ce que j’imagine, ce dont je me souviens du passé, ce que je conserve dans mon petit cinéma intime : émotions, idées, perceptions, moments, endroits, gens, situations, souvenirs.
J’essaie différentes façons de mettre tout ça sur une toile, pour que ça puisse voyager vers une autre âme.
Et je regarde si ça marche.
Je ne travaille pas tellement avec des séries sur un thème ou une idée qui se déploierait linéairement sur plusieurs tableaux.
Je travaille plutôt en cercles concentriques, passant d’une chose à une autre, et puis revenant plus tard sur des idées ou des images, pour essayer de les pousser plus loin ou dans une autre direction.
Je crois qu’on ne trouve jamais rien, en peinture. Je crois qu’on travaille dur à chercher quelque chose, et puis parfois, en chemin, on fait des étapes heureuses.
Pas la peine de lire le mode d’emploi, ce bidule n’a jamais été censé marcher, de toute façon.