la jetée
27×35, oil on canvas
La jetée est un court métrage de Chris Marker. Ça parle de voyage dans le temps, et le film est entièrement fait d'images immobiles, à l'exception d'un plan. C'est censé avoir donné la trame de l'histoire dans l'Armée des douze singes, un film de Terry Gilliam. La trame est la suivante : quelqu'un effectue un voyage dans le passé afin d'empêcher un cataclysme qui a rendu la vie dans le présent très difficile. Mais en cours de route, il se rend compte que c'est précisément le voyage qu'il est en train d'effectuer qui a déclenché le cataclysme en question. En vrai, ce genre d'histoire sur le voyage dans le temps est devenu une sorte de classique de la science-fiction entre les années 50 et 60 (La Jetée date du début des années 60). Sur le sujet, mon préféré est Le crâne, un court récit de Philippe K. Dick, avec une touche Hamlet-et-Yorick. Mais pour en revenir à La jetée : c'est moins un film de science fiction sur le voyage dans le temps que, à mon sens, un film sur l'essence de la nostalgie. Pas la nostalgie pour quelque chose de précis, un endroit ou une époque aujourd'hui disparus. Mais la nostalgie comme une façon de ressentir les choses. La vie n'est pas seulement une succession chronologique de lieux et d'époques dont nous pouvons garder la trace dans notre esprit et notre histoire. La vie est aussi un flux sans fin où les eaux d'hier, d'aujourd'hui et de demain sont constamment en mélange, où il n'est pas toujours si facile d'établir une démarcation claire entre les différents courants. Quand est-ce qu'hier s'arrête, quand est-ce que demain commence ? Et aujourd'hui, c'est quand, précisément ?